Notre réponse à NRDC en date du 15 septembre en réaction à leur rapport

Le 15 septembre 2021

Courtenay Lewis
Canada Project International Program
Natural Resources Defense Council, Inc.
1152 15th Street, NW
Washington, D.C.  20005
Par courriel

 

Madame,

Après examen du document que vous nous avez fourni le jeudi 2 septembre 2021, nous sommes toujours perplexes quant aux raisons qui vous poussent, vous et vos collègues, à continuer de répandre des faits dénaturés et mensongers sur la Société, alors que vous esquivez les préoccupations soulevées dans notre communication précédente.

Le 10 février 2021, votre collègue Andrew Wetzler nous a écrit que le NRDC était « ouvert à discuter de bonne foi avec toutes les parties prenantes intéressées à protéger la valeur que la forêt boréale revêt pour les peuples autochtones, la biodiversité et le climat. » Nous avons tenté d’engager le dialogue avec M. Wetzler, qui ne nous a pas répondu avant que le NRDC ne rende publics ses allégations sur notre société.

Dans notre réponse, nous soulignions que de nombreuses parties prenantes – dont des associations commerciales, syndicats, Premières Nations, maires et autres représentants des collectivités boréales – avaient exprimé leur colère contre la désinformation du NRDC qui « dénigre le travail de foresterie durable au Canada et nuit gravement aux économies locales, aux collectivités ainsi qu’aux gens qui vivent et travaillent dans la région boréale. » Cet état de fait a également été ignoré, et si le NRDC a récemment rendu visite à ces collectivités pour dialoguer avec elles, nous n’en savons rien.  

À l’occasion d’une conférence à laquelle le NRDC prenait part et qui réunissait des experts en foresterie, dont des représentants de l’industrie, du gouvernement et autres parties prenantes, vous avez allégué qu’on ne replantait pas d’arbres sur les territoires récoltés. Cette affirmation a été ouvertement contestée, ce qui n’est pas surprenant, puisqu’elle est à ce point en contradiction avec les faits sur le terrain. 

Étant donné que dans votre dernière communication, vos allégations simplifiaient les faits de façon grossière, nous souhaitons faire une mise au point.

2) Notre travail avec les peuples autochtones

Votre toute dernière enquête réitère un malentendu au sujet du concept de consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause (CPLCC) des peuples autochtones. Le CPLCC n’est ni un certificat ni un bout de papier; il s’agit d’une initiative sérieuse qui requiert un engagement profond et de nombreuses années de travail. Nos certifications, de même que nos relations de nature consultative et partenariats commerciaux témoignent bien du travail colossal que nous avons effectué dans ce domaine.

En 2013, nous avons élaboré une Politique concernant les peuples autochtones, qui décrit notre engagement à bâtir des relations solides, à nous assurer que les communautés autochtones sont consultées dans les décisions qui les touchent, et à créer une prospérité économique partagée. Cela signifie que nous donnons aux peuples et entreprises autochtones un accès équitable aux occasions commerciales et que nous favorisons leur participation économique au sein du secteur des produits forestiers. Nous avons aussi mis en place des Lignes directrices sur la politique d'approvisionnement auprès des Autochtones pour consolider notre engagement envers les communautés autochtones du Québec et de l’Ontario.

Ces initiatives ont mené à des relations de nature consultative et à des partenariats commerciaux avec près de 40 communautés autochtones du Québec et de l’Ontario. Par exemple, la scierie de Thunder Bay, située sur le territoire de la Première Nation de Fort William, emploie environ 250 travailleurs, dont 40 Autochtones, et a été la première installation exploitée au Canada conformément à la Loi sur le développement commercial et industriel des Premières Nations. Il y a deux semaines à peine, je me suis joint au président et chef de la direction et autres dirigeants de Résolu ainsi qu’à des fonctionnaires, chefs des Premières Nations, représentants communautaires et partenaires d’affaires pour souligner notre collaboration longue de 20 ans avec la Première Nation de Fort William et annoncer un investissement supplémentaire de 17,5 M$ CA dans la scierie.  

Nous avons signé avec les Premières Nations de Fort William, de la bande indienne de Red Rock, de Nigigoonsiminikanning, de Kiashke Zaaging Anishinaabek, de Lac des Mille Lacs, de Seine River, de Couchiching, de Mitaanjigaming, de Whitesand et de la Nation métisse de l’Ontario des mémoires d’entente, dont d’importants contrats de construction et de transport ayant donné lieu à des occasions économiques de l’ordre de 50 M$ pour les communautés autochtones. Par ailleurs, nous avons lancé, en collaboration avec la Première Nation Wabigoon, un programme de formation et d’emploi des jeunes.

Les documents détaillés de ces partenariats se trouvent sur notre site Web. Pourtant, le NRDC perpétue le mythe selon lequel nous ne consultons pas les peuples autochtones en lien avec nos activités.

3) Conservation du caribou

Dans votre enquête, vous citez le gouvernement fédéral qui établit à 65 % le seuil de gestion de l’habitat non perturbé du caribou, mais vous omettez des faits essentiels sur ce sujet controversé. Un tel seuil de gestion de l’habitat non perturbé entraînerait une réduction considérable des activités forestières et aurait donc des effets dévastateurs sur les emplois et les collectivités.

Depuis la publication en 2012 de la Stratégie de rétablissement du caribou dans la forêt boréale par Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), des experts et des études ont fait ressortir les lacunes d’une stratégie qui ne se préoccupe que du seuil de perturbation. L’engagement aveugle du NRDC envers cette approche ne tient pas compte de nombreux autres facteurs importants qui affectent les populations de caribou, comme les effets des changements climatiques, la diminution des ressources en nourriture, la transmission de parasites et de maladies, les carences nutritionnelles ainsi que les perturbations causées par les activités de loisir comme la motoneige et la chasse au caribou.

Même dans le Document d’orientation sur les plans par aires de répartition du caribou des bois, ECCC reconnaît la complexité des facteurs qui affectent les populations de caribous au Canada :

« La perturbation de l’habitat dans une aire de répartition doit être gérée par la compétence responsable à un seuil permettant à la population locale de devenir autosuffisante. Étant donné les différences liées à l’état de l’habitat et des populations qui existent entre les populations locales de caribou boréal à l’échelle de leur aire de répartition, il pourrait être nécessaire pour certaines aires de répartition de dépasser le seuil de gestion de 65 % d’habitat non perturbé, alors que pour certaines autres aires de répartition, il pourrait ne pas être nécessaire d’atteindre ce seuil» (Le gras est de nous)

Ce qu’il faut savoir, c’est que le modèle de relation entre la perturbation de l’habitat et la population se fonde principalement sur les populations de l’ouest du Canada, qui sont confinées à une aire précise. Il existe plusieurs populations de caribous au Québec et en Ontario auxquelles ce modèle ne semble pas s’appliquer. C’est sans compter que près de 75 % de l’aire de distribution du caribou forestier, tant au Québec qu’en Ontario, se trouve au nord de la limite où les activités forestières sont même permises.

La mise en œuvre continue des plans, de la surveillance et de la gestion adaptative va bon train au Québec et en Ontario. Ces plans provinciaux reflètent le programme de rétablissement fédéral et intègrent les nouvelles connaissances et données scientifiques. Depuis 2000, Résolu est chef de file de la conservation du caribou. Nous travaillons avec des experts et les gouvernements provinciaux pour mieux connaître les comportements du caribou et l’utilisation de son habitat. Ces travaux ont grandement contribué à l’adoption de plans de gestion spéciaux de l’habitat du caribou à l’échelle régionale ayant été intégrés à la planification de la récolte.  

4) Problème posé par la notion de « forêts primitives »

La question d’approvisionnement dans des « forêts primitives » que vous abordez indique que vous comprenez mal la dynamique de la forêt boréale, où les feux sont un élément important du cycle de vie. Dans la forêt boréale, le processus de régénération naturel est constant. Au Québec et en Ontario, où Résolu exerce ses activités, la gestion écosystémique reproduit les perturbations naturelles et entraîne à long terme un stockage du carbone accru par rapport à la non-exploitation. Les arbres matures et surannés sont plus vulnérables aux perturbations naturelles comme les incendies et les maladies. Les changements climatiques ne font qu’accentuer ces risques. La récolte des arbres matures et surannés réduit ces risques considérablement, crée les conditions nécessaires à la régénération et permet à du carbone supplémentaire d’être stocké dans des produits forestiers durables comme le bois d'œuvre et les livres. Ensuite, à mesure que la forêt est régénérée (comme l’exige la loi au Canada), les arbres qui poussent stockent encore plus de carbone.

 

Nos certifications forestières indépendantes

Vous soulevez également la question de nos certifications FSC, mais omettez de mentionner que Résolu demeure l’un des plus grands détenteurs de certificats FSC en Amérique du Nord. Vous dites dans votre dernier rapport que Résolu a « réduit de près de la moitié la superficie totale de territoires certifiés FSC », mais cela est circonstanciel et lié notamment aux changements dans son empreinte opérationnelle, et en particulier à la baisse de la demande de papier journal. Par exemple, nous avons cessé d’exploiter l’usine de papier journal d’Iroquois Falls et ne récoltons donc plus dans la zone Abitibi River Forest, qui était un très vaste territoire certifié FSC. De plus, nous réaffirmons que 100 % des territoires forestiers aménagés par Résolu sont certifiés par des tiers selon une ou plusieurs normes d’aménagement forestier durable reconnues à l’échelle internationale.

Par ailleurs, vous alléguez que seule une portion de nos intrants en fibre vierge est certifiée FSC, SFI ou PEFC. Cela dénote une mauvaise compréhension de nos politiques d’approvisionnement. Bien que les intrants en fibre ne proviennent pas des territoires forestiers certifiés que nous aménageons, nous veillons à ce que 100 % de notre fibre de provenance interne et externe soit approvisionnée conformément aux exigences d’approvisionnement en fibre de la SFI, aux exigences de diligence raisonnable en matière de CdT du PEFC or à la norme Bois contrôlé FSC, et dans certains cas, à une combinaison de ces normes. Toutes nos installations canadiennes possèdent les trois certifications susmentionnées. Nous nous assurons ainsi que la totalité de la fibre que nous traitons satisfait aux normes minimales de diligence raisonnable en matière de récolte illégale et autres enjeux de développement durable. Nous pouvons donc être certains d’exclure de notre approvisionnement le bois et les produits du bois provenant de sources inacceptables. Pour conserver nos certifications, nous prenons les mesures nécessaires pour nous assurer que notre société ainsi que les fournisseurs et propriétaires de boisés qui nous approvisionnent se conforment à un certain nombre de règlements provinciaux et fédéraux, et appliquent volontairement les meilleures pratiques de gestion visant à protéger d’importants éléments écosystémiques, dont la qualité de l’eau et l’habitat d’espèces en danger.

Pour le lecteur profane en matière d’exploitation dans l’industrie forestière canadienne, ces faits nuancés sont complexes. Plutôt que de s’efforcer de comprendre véritablement la façon dont nous gérons nos forêts sur le terrain au Canada, le NRDC écrit depuis des villes lointaines pour dicter avec condescendance aux Canadiens la façon dont ils devraient le faire. Comme nous l’avons déjà souligné, le NRDC – qui n’a la crédibilité ni d’une autorité gouvernementale, ni d’un organisme de certification indépendant de renommée internationale, ni d’une revue scientifique respectée, ni d’un établissement universitaire – semble pourtant farouchement décidé à sermonner les Canadiens sur leurs pratiques forestières.

Nous nous attendons malheureusement à ce que, malgré nos nombreuses réactions à vos allégations, votre prochain rapport contienne de nombreuses erreurs et déformations des faits sur notre Société et ses pratiques. Si c’est le cas, sachez que nous n’hésiterons pas à nous joindre aux parties prenantes pour remettre les pendules à l’heure.

Salutations,

Seth Kursman
Vice-président, Communications d’entreprise, Développement durable et Affaires gouvernementales

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